Marie Thérèse Joos

Il me semble que cela date d’hier seulement, le jour où je l’ai rencontrée pour la première fois. Elle était venue à nous, spontanément, pour s’offrir toute entière à l’Action Catholique ouvrière… Toute jeune,… avait-elle 18 ans, à peine 19 ? Elle s’offrait toute vibrante et enthousiaste désirant consacrer toute sa jeunesse au relèvement des jeunes travailleuses.

Et au fur et à mesure qu’elle la comprenait mieux, toute notre technique d’apostolat moderne en pleine masse ouvrière, la transportait littéralement.

Elle n’était pas de celles que la masse effarouche,… au contraire,… plus une jeune travailleuse était isolée moralement, plus elle venait de loin, plus elle avait été faible et plus elle l’aimait, la comprenait, la soutenait… Elle ne se contentait pas de l’aider, elle devenait vraiment son amie.

Et l’on eût dit que plus elle-même vivait la J. O. C., plus elle-même se formait et plus aussi son cœur et ses aspirations la portaient tout entière vers la compréhension des jeunes ouvrières de la grande masse.

Remarquablement intelligente, elle ne se contentait pas d’une simple influence personnelle qu’elle savait d’ailleurs admirablement exercer,… mais en plus de cela, elle avait compris la haute importance de nos réalisations collectives dans les quartiers ouvriers et les milieux de travail.

11 a d’ailleurs fallu qu’elle organise bien son apostolat, tout en s’y donnant sans mesure pour aboutir en quelques années à transformer complètement la section faite autrefois de quelques rares éléments, en une ardente et vaillante section de 62 membres et cela dans un milieu extrêmement difficile.

— Bien jeune encore, elle l’était vraiment de caractère aussi: elle savait tour à tour se faire jeune, spitante, boute en train comme aussi grave et tout accueillante et compréhensive lorsque c’était nécessaire.

Son milieu familial, milieu modeste et tout chrétien où. l’on aime particulièrement les organisations ouvrières, l’avait indirectement préparée à venir chez nous.

Combien de fois, le soir, bien tard après les réunions, lorsque j’étais encore sa « secrétaire régionale ». avons-nous ébauché ensemble les plus beaux rêves et bâti les plus beaux projets qui devaient tôt ou tard rendre à l’Eglise les masses ouvrières de la si difficile région du Centre.

Et maintenant déjà, je suis sûre que la haut, elle est en train de les réaliser en partie. Elle prie pour nous en demandant à Notre-Seigneur de nous donner cette foi ardente qui transporte les montagnes.

Un mois avant sa mort, je recevais encore une lettre dans laquelle elle me racontait tous ses projets pour la formation des sizainières. Et elle remerciait Dieu avec effusion de l’avoir fait naître au XXe siècle et de l’avoir choisie pour être une militante à la J. O. C. F.

Mais plus que cela, elle était vraiment la présidente modèle tout en étant restée jociste 100 % jusque dans les consignes les plus humbles, les plus modestes. Durant sa dernière maladie d’ailleurs, elle ne cessait de répéter: « Je veux être, en tout, une jociste 100 % ».

Elle est partie brusquement 2 1/2 mois après sa mère. Pour celle-ci aussi, son dernier geste fut un oubli d’elle-même.

C’était le jour de Pâques et quelques heures avant de mourir, elle ne voulait pas que sa fille restât auprès d elle, mais l’envoyait présider le grand déjeuner pascal de la J. O. C. F.

Marie-Thérèse est partie : toute « offerte » comme elle avait vécu… Dans son délire, elle répétait souvent cette phrase qui la résume toute : « Je suis donnée, toute donnée ».

Elle avait aimé si simplement, si naïvement Notre-Seigneur et dans son âme si spontanée, cela apparaissait comme tellement naturel.

Tel un rayon lumineux de jeunesse vibrante, elle apparaîtra longtemps comme un modèle à toutes nos dirigeantes.

Certains chefs de nos sections locales sont un émerveillement pour nous, dirigeantes nationales, qui y trouvent un réconfort, un stimulant et une consolation qui dépasse toutes les récompenses humaines.

Emilie Arnould

SOURCE

Joie et Travail, N° 8, août 1934

English Translation (Temporary)

MARIE THERESE JOOS

It seems like only yesterday that I met her for the first time. She had come to us, spontaneously, to offer herself completely to Workers’ Catholic Action… Very young,… was she 18, barely 19? She offered herself all vibrant and enthusiastic, desiring to devote all her youth to the raising up of young women workers.

And as she understood it better, all our technique of modern apostolate in full mass of workers, literally transported her.

She was not one of those that the masses frighten,… on the contrary,… the more a young worker was morally isolated, the further she came, the weaker she had been and the more she loved her, understood her, supported her.. She wasn’t just helping him, she was truly becoming his friend.

And one would have said that the more she herself lived through the YCW, the more she formed herself and the more her heart and her aspirations led her entirely towards the understanding of the young workers of the great mass.

Remarkably intelligent, she was not satisfied with a simple personal influence which she knew how to exert admirably,… but in addition to that, she understood the great importance of our collective achievements in working-class neighborhoods and workplaces. .

She also had to organize her apostolate well, while giving herself to it without measure, in order to succeed in a few years in completely transforming the section once made up of a few rare elements, into an ardent and valiant section of 62 members and that in an extremely difficult environment.

Although she was still very young, she was really young by character too: she knew how to turn herself young, lively, lively as well as serious, and welcoming and understanding when necessary.

His family background, a modest background and all Christian where. we particularly like workers’ organisations, had indirectly prepared her to come to us.

How many times, in the evening, very late after the meetings, when I was still his “regional secretary”. have we sketched together the most beautiful dreams and built the most beautiful projects which were sooner or later to return to the Church the working masses of the so difficult region of the Center.

And already now, I’m sure that up there, she’s partly realizing them. She prays for us asking Our Lord to give us this ardent faith which moves mountains.

A month before her death, I still received a letter in which she told me of all her plans for the formation of six sisters. And she thanked God profusely for having given birth to her in the 20th century and for having chosen her to be an activist at the JOCF

But more than that, she was really the model president while remaining 100% jociste even in the instructions the most humble, the most modest. During her last illness, she kept repeating: “I want to be, in everything, a 100% jocist”.

She left abruptly 2 1/2 months after her mother. For her too, her last gesture was a forgetfulness of herself.

It was Easter Day and a few hours before she died, she did not want her daughter to stay with her, but was sending her to preside over the big Easter lunch at the JOCF

Marie-Thérèse left: completely “offered” like her had lived… In her delirium, she often repeated this sentence which sums it all up: “I am given, all given”.

She had loved Our Lord so simply, so naively and in her so spontaneous soul, it seemed so natural.

Like a luminous ray of vibrant youth, she will long appear as a model to all our leaders.

Some leaders of our locals are a wonder to us, national leaders, who find in them a comfort, a stimulus and a consolation that surpasses all human rewards.

Emilie Arnould

SOURCE

Joy and Work, N° 8, August 1934